ÉPICTÉTOS

ÉPICTÉTOS
ÉPICTÉTOS

ÉPICTÉTOS (dernier quart \ÉPICTÉTOS VIe-déb. \ÉPICTÉTOS Ve s.)

Parmi les peintres de vases athéniens appartenant à la première génération des artistes qui, à la suite du Peintre d’Andokidès, s’expriment principalement selon le langage nouveau dit de la (ou des) figure(s) rouge(s), certains, comme Épictétos, restent pendant quelque temps «bilingues», c’est-à-dire décorent le même vase en utilisant d’un côté la technique nouvelle et de l’autre le procédé ancien de la (ou des) figure(s) noire(s). Les deux personnalités les plus marquantes dans ce groupe de peintres sont Oltos et Épictétos, dont les noms nous sont conservés par plusieurs signatures et dont l’œuvre connu à ce jour dépasse largement, dans les deux cas, la centaine de vases. Les deux artistes ont aussi en commun d’avoir décoré surtout des récipients de petite taille, en particulier des coupes, parmi lesquelles cette catégorie spéciale nommée «coupes à yeux» (à cause de la présence, à l’extérieur, de deux gros yeux peints ayant sans doute une valeur prophylactique ou apotropaïque) qui, décorées le plus souvent en figures noires mais aussi un bon nombre de fois en figures rouges, connaissent une vogue considérable dans le dernier quart du \ÉPICTÉTOS VIe siècle. Notons que cette préférence pour les coupes est caractéristique des peintres de la première génération de la figure rouge.

Contemporains du grand Euphronios, les deux peintres sont d’excellents dessinateurs, comme lui intéressés par le rendu des détails anatomiques dans le sens d’un réalisme nouveau, mais ils traitent le plus souvent, surtout Épictétos, des scènes réduites à un ou deux personnages plutôt que de grandes compositions. Les thèmes qu’ils choisissent sont souvent les mêmes (scènes mythologiques ou héroïques, scènes de la vie quotidienne); mais si Oltos, qui fut sans doute l’élève du Peintre d’Andokidès, traite volontiers les premières avec une certaine grandeur (par exemple, une assemblée des dieux olympiens sur l’une des faces de la coupe de Tarquinia, RC 6848), l’autre préfère nettement les secondes.

Épictétos était à coup sûr fier de ses œuvres, puisqu’une quarantaine de vases, sur un peu plus de cent qui lui sont attribués, portent sa signature de peintre (égraphsen ). Il était aussi, occasionnellement, potier, comme l’atteste la double signature [É]piktétos épo[iésen] (= a fait) et [égr]aphsen (= a peint) dont on peut lire les restes sur une assiette fragmentaire trouvée à l’Acropole (Musée national, Acr. 6, Athènes); mais il travaillait surtout comme peintre, et il est fréquent que des vases marqués Épiktétos égraphsen portent une deuxième signature attestant qu’ils ont été façonnés par Hischylos, Nikosthénès, Pamphaios ou tel autre potier. Épictétos n’était sans doute pas de souche athénienne, car le nom signifie «acquis en plus», ce qui fait évidemment penser à un nom d’esclave. On pourrait légitimement l’appeler Épictétos Ier, car on connaît un deuxième peintre de ce nom, postérieur d’une génération, mais l’usage actuel est de réserver à notre peintre le nom d’Épictétos et de donner à l’autre celui de «Peintre de Cléophradès».

Les vases «bilingues» d’Épictétos connus à ce jour sont des coupes à yeux, au nombre de dix, dont le médaillon intérieur est décoré en figures noires tandis que l’extérieur de la vasque l’est en figures rouges. Ces médaillons montrent un sens aigu de la «mise en page» à l’intérieur d’une surface circulaire (ainsi pour le satyre courant qui apparaît dans la coupe de la collection Schweizer, à Arlesheim, près de Bâle); mais c’est essentiellement sur les vases peints selon la nouvelle technique qu’Épictétos se révèle comme un très grand artiste. Si son œuvre à figures rouges comprend le décor extérieur d’une cinquantaine de coupes (dont au moins dix-sept coupes à yeux) et de quelques autres sortes de vases, il semble avoir prisé surtout les surfaces circulaires: outre la quarantaine de coupes décorées à l’extérieur et à l’intérieur, on lui en attribue une trentaine (dont cinq signées) ornées seulement d’un médaillon intérieur, plus une douzaine d’assiettes, toutes signées. De même que dans les médaillons à figures noires, dans ceux à figures rouges l’artiste fait preuve d’une grande habileté pour la «mise en page», comme l’attestent par exemple les trois assiettes du British Museum de Londres (E 135, E 136, E 137), ornées respectivement d’un archer, d’un guerrier avec son cheval et de deux cômastes (joyeux drilles en train de batifoler).

Ces thèmes comptent parmi ceux qu’Épictétos traite le plus volontiers, comme d’ailleurs la plupart de ses contemporains. Il convient d’ajouter les scènes de sport, de danse et de banquet et, ce qui est peut-être le plus original dans son répertoire, d’une part l’illustration d’un artisan au travail, un sculpteur en l’occurrence (dans le médaillon de la coupe 119 du Musée national de Copenhague), d’autre part certaines images triviales ou érotiques, dans lesquelles les satyres remplacent parfois les hommes; Épictétos fait ici figure de précurseur et sera souvent suivi, en particulier, par les peintres de coupes à figures rouges de la deuxième génération du style sévère. Mais Épictétos n’est pas qu’un peintre léger isolant ou juxtaposant de gracieux personnages. À l’extérieur de certaines de ses coupes, il lui arrive de traiter des sujets inspirés par la tradition épique ou légendaire, selon une composition parfaitement équilibrée; ses héros préférés sont alors principalement Héraclès, dans sa lutte contre le cruel Busiris sur les coupes E 38 du British Museum et 57912 de la Villa Giulia à Rome, le lion de Némée sur une coupe fragmentaire du Musée national d’Athènes (Acr. 65) et les Centaures sur une du British Museum (no 1929.11-11.1), mais aussi Thésée, affrontant le Minotaure sur la coupe E 37 du British Museum, ou Achille en compagnie d’Ajax et de Memnon. Un fragment découvert à Thasos semble représenter une assemblée des dieux (cf. J. J. Maffre, «Céramique attique à décor mythologique trouvée à l’Artémision de Thasos», in Bulletin de correspondance hellénique , suppl. no 5, 1979).

Quel que soit le sujet, l’art d’Épictétos sait animer la scène. La qualité du dessin est toujours impeccable; le trait est à la fois net et souple, ce qui donne aux personnages élégance et présence, malgré leur taille en général assez petite. Dans les œuvres les plus anciennes (vers \ÉPICTÉTOS 525), les lignes sont strictement noires et réduites à l’essentiel; des rehauts rouge violacé sont employés, comme dans la figure noire, pour rendre certains objets. Dans les œuvres de sa maturité, le peintre utilise les ressources du vernis dilué pour créer un contraste entre les lignes principales, bien noires, et les traits secondaires, bistre à sépia plus ou moins foncé. Dans ses meilleures œuvres, Épictétos est digne d’être comparé à Euphronios pour le rendu de certains détails anatomiques (par exemple sur l’abdomen du Minotaure à l’extérieur de la coupe de Londres déjà citée) et de certains raccourcis (par exemple pour la jambe droite du Minotaure).

Encyclopédie Universelle. 2012.

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